V pour Vraiment classe
Il existe des coïncidences des fois dans la vie... à moins que ce ne soit que des illusions de coïncidences...
Ce mercredi est sorti dans les salles obscures un film présenté comme le dernier projet en date des créateurs de la trilogie Matrix, V pour Vendetta.
Honnêtement, à la base, avec une promo basée sur ce seul fait, associée à une bande-annonce "à la Matrix", avec apparement pas mal d'action, je n'étais pas particulièrement chaud pour aller le voir. Enfin sans plus quoi. Autant j'ai adoré le premier volet des Matrix, autant j'ai été assez déçu par les deux suivants, qui sans être mauvais ne correspondaient pas à ce que j'aurais pu attendre après le premier opus. Du coup, je me méfiais un peu des frères Wachowski et de leurs délires parfois étranges. Et puis j'ai lu quelques critiques sur le Net le week-end dernier, et j'ai appris qu'il ne fallait pas se fier aux apparences, et que justement certains allaient être déçus en attendant plus ou moins un film d'action, ce que V pour Vendetta n'était clairement pas. Je me suis donc dit que ça pouvait valoir le coup, et je suis allé le voir hier soir, ne sachant pas trop à quoi m'attendre.
Ce qu'on peut dire de ce film, c'est que si on ne s'est pas trop renseigné dessus avant, il est assez déroutant. Il ne s'agit pas du tout d'un film d'action (les quelques rares scènes d'"action" distillées au compte-gouttes restent minimalistes, et sont de toutes façons assez stylées, comme d'ailleurs l'ensemble du film), mais plutôt d'un mélange entre une histoire classique de super-héros justicier (l'histoire est inspirée d'un Comics à succès) et une réflexion politique profonde sur le fanatisme, l'extrémisme, le pouvoir, les droits et devoirs des gouvernants et des gouvernés, avec un résultat étrange : un film militant caché dans un blockbuster.
L'action du film se passe en Angleterre, dans un futur pas si lointain, et malheureusement pas si improbable. Suite à des guerres, des catastrophes naturelles, des épidémies, un politicien ambitieux a réussi à prendre le pouvoir et à devenir chef du gouvernement, ou Grand Chancelier. Fanatique religieux et extrémiste affiché, il use de son pouvoir pour créer une société totalitaire, sécuritaire, où les médias sont complètement contrôlés par le gouvernement et alimentent la peur des citoyens, où un couvre-feu a été instauré, où des agents de la police religieuse ont tous les droits, où livres et tableaux sont confisqués par le comité de censure, où les musulmans, les homosexuels, les gens soupçonnés de terrorisme (ceux qui tentent de se rebeller par exemple) sont arrêtés, emprisonnés, torturés, et pire encore... Au milieu de cette société au fond du trou, un homme va se dresser, seul contre tous, pour essayer de déclencher une révolution mais surtout pour redonner de l'espoir au peuple. Un homme, masqué, qui va croiser par hasard la route d'Evey, une jeune femme un peu perdue. En se mettant en quête du mystérieux V, un inspecteur de police va essayer de comprendre qui est cet homme, quelles sont ces motivations... et va découvrir de bien noirs secrets.
Esthétiquement, V pour Vendetta est très "classe" : charisme du héros, décors, jeu des acteurs, mise en scène, effets spéciaux, tout est là pour en faire un film de qualité, pari réussi en partie grâce au gros budget alloué à ce projet. En ce qui concerne le fond, le scénario tient la route et se paye même le luxe d'être intéressant et pas trop attendu.
En revanche, la polémique commence à faire rage, et elle n'est pas prête de s'éteindre. En effet, V pour Vendetta véhicule un message engagé politiquement, clair et puissant, qui va à l'encontre du politiquement correct habituellement attribué à Hollywood (d'ailleurs le film est une coproduction anglo-allemande, et pas américaine, ce qui n'est pas tellement surprenant). Ce film engage une réflexion profonde sur notre société et son évolution, qui trouve un inquiétant écho dans l'actualité de ces dernières années. Les Etats-Unis sont évidemment visés, et pas qu'un peu, malheureusement, et c'est encore plus flippant, pas besoin d'aller regarder si loin pour voir une ressemblance avec des faits existants ou allant exister.
Je parlais en préambule de coïncidences. Ce matin, j'allume ma télé le temps d'engouffrer mon petit déj', et je regarde les infos du matin. Et qu'est-ce que je vois ? Un sondage montrerait que 34% des Français interrogés trouvent que l'extrême-droite est un parti "proche de leurs préoccupations". Je suis pas super fort en maths, mais 34% ça fait quand même plus d'un tiers. Statistiquement, ça veut dire que sur les 120 personnes qui viennent me lire chaque jour, 41 pensent que l'extrême-droite a du bon. C'est très triste. En voyant ce genre de nouvelles, tu te dis qu'il y a quand même pas mal de gens qui mériteraient un bon coup de pied au cul, ou peut-être un bout de cerveau en plus, je sais pas. Quelques jours avant, j'apprenais que Nicolas Sarkozy, alias Demago-man, se trouvait en tête des intentions de vote pour la droite pour les présidentielles de l'année prochaine, et le pire c'est que ça ne m'a même pas étonné. Et là, la nouvelle des 34% d'abrutis ce matin, associée au film d'hier soir, ben ça a fait comme une très inquiétante superposition d'images...
Alors oui, j'exagère peut-être un peu, et puis ça n'est qu'un film, et le parti pris, et la fiction, et blablabla... mais si vous voulez me faire plaisir (on ne sait jamais), allez voir ce film. Et dites-moi ce que vous en avez pensé. Et si ça vous a plu, conseillez-le à vos amis. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une oeuvre d'utilité publique, mais ça ne peut pas faire de mal... surtout en ce moment, visiblement...