L'EEG de la mort (part two)

Publié le par SebO

Bon, avant de commencer, il faut que vous sachiez que j'ai failli ne pas écrire cet article ce soir comme promis, et ce pour plein de raisons. La première, c'est qu'il est 2h29 du matin. La deuxième, dont découle la première, c'est que j'organise une murder demain, et que donc non seulement j'ai passé la majeure partie de la soirée à "réviser", mais en plus il faut que je sois en forme demain soir. La troisième, c'est que c'est le week-end, et que c'est bien connu, personne ne lit les blogs le week-end. Les blogs, c'est un truc pour quand on s'ennuie au boulot, c'est tout. La quatrième, c'est que je sens déjà que ça va être super long. Et ça m'inquiète parce que d'habitude je crois que ça va être court et c'est super long. Et la cinquième et dernière, mais non la moindre, c'est qu'en ce moment Over-Blog me prend la tête, puisqu'il m'a fallu plus de dix minutes hier pour réussir à mettre en ligne la première partie de cette folle aventure que je me suis engagé à vous conter.

Ceci dit, après moults hésitations, je me suis dit que non seulement je vous avais promis la suite aujourd'hui, mais qu'en plus après cette petite période d'absence je vous devais bien ça. Alors j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai résisté vivement à l'appel de WoW, de Metroid Prime 3 et de mon bouquin du moment, et me voilà en train d'écrire cet article tant attendu. Faut-il que je vous aime...   :)

 

Replaçons la situation, donc. 8h1... euh, 8h29, donc, j'arrive au labo pour le TP, et nous sommes deux, une copine de promo et moi. Il faut choisir un cobaye. Je sais qu'elle ne veut pas le faire. Le truc, c'est que je ne veux pas le faire non plus. La pâte, c'est sympa, mais bon, sur la tête des autres c'est mieux. Je propose un shi-fu-mi pour se départager, mais elle me fait un petit regard implorant du genre "Seb, steuuuplaîîît". Et comment résister à une jolie blonde aux yeux bleus qui vous fait un tel regard ? Hein, comment ? Ben en cédant, tout simplement. Je me dévoue donc (vous vous en doutiez, forcément), et commence à me préparer psychologiquement à l'assaut de mon crâne par les électrodes de la mort qui tue.

Je ne vais pas tout vous raconter en détails, parce que ça serait (encore plus) long et inintéressant (que ça ne l'est déjà), mais quelques passages de cette matinée mémorable valent le détour.

Tout d'abord, l'un des responsables du TP, un thésard (oui il y avait deux profs pour deux élèves, si ça c'est pas la classe (c'est le cas de le dire)), me fait asseoir sur un tabouret et sort un mètre-ruban. Il mesure mon tour de tête, la distance entre mes oreilles, entre mon nez et la bosse à l'arrière de ma tête, et identifie une taille de casque ainsi que le point central qu'est le sommet de mon crâne. Il met le casque en question en place (vous avez tous pensé que c'était le plus grand, hein, avouez ? Et ben vous aviez raison), le fixe, et me demande si ça ne serre pas trop. Ca serrait un peu sous le menton, et donc au niveau de la gorge, mais sinon ça allait (remarque à bien garder en mémoire pour la suite et fin de l'histoire). Ensuite, aidé de ma cop's, il a commencé à me nettoyer à l'alcool, puis à mettre en place les électrodes pleines de slime. C'était froid, c'était gluant, et c'était sur ma tête, alors je ne voyais rien. Sinon ça s'est très bien passé.   XD

Une fois les électrodes en place, il les a branchées, puis l'autre prof a lancé le programme de mesure sur l'ordi, et des ondes toutes cracra sont apparues sur l'écran. C'était bien mes ondes cérébrales, mais elles étaient toutes cracra parce que l'impédance des électrodes était trop élevée. Alors le thésard et ma cop's ont commencé à me frotter le crâne au niveau des électrodes avec un coton-tige enduit de pâte, qui je le rappelle, est légèrement abrasive. Mais qui dit "légèrement abrasive" dit "abrasive", et quand tu frottes un truc abrasif sur la peau, ça fait jamais du bien. Je commençais à souffrir en silence (et jolie blonde ou pas, croyez-moi, ça change pas grand-chose, mon bourreau aurait été un gros barbu du nom d'Igor que ça aurait été exactement pareil), et ils frottaient, ils frottaient, tout en disant "Mais c'est bizarre ça, l'impédance veut pas baisser". Et ils frottaient... Et puis au bout d'un moment un des profs a dit "Ca viendrait pas de l'électrode de référence ?". Alors ils ont frotté au niveau de l'électrode de référence et tout de suite toutes les impédances sont passées en-dessous du seuil acceptable. Je les ai détestés un court instant.

Ensuite, je suis rentré (délicatement, pour pas arracher la pieuvre que j'avais sur la tête) dans la salle de manip'. Alors "salle" est un bien grand mot. "Cagibi" serait plus approprié. Il faut que vous sachiez que dans ce labo, à Lyon, ils ont un super équipement pour faire de la recherche en acoustique. En particulier au niveau des locaux, ils ont deux chambres complètement isolées au niveau sonore, qui ne laissent pas passer le moindre bruit. Ce qui est mieux quand on veut faire des études sur des stimulations auditives, par exemple. Là, dans le cadre du TP, le protocole était très simple : j'avais un casque audio sur les oreilles, et je devais écouter une série de sons, dont il existait en fait deux types : 200 sons "normaux", et perdus aléatoirement au milieu 20 sons un peu plus aigüs (et donc inattendus), chaque son étant séparé du précédent par un peu plus d'une seconde. Rien de plus simple. La série durait environ 5 minutes, et il y avait 4 séries en tout. Ce qui signifie que les mesures du TP prenaient une vingtaine de minutes. Et donc qu'il fallait que je reste une vingtaine de minutes dans l'une des chambres acoustiques. Donc imaginez-vous, assis sur une chaise, dans une pièce qui fait environ un mètre sur un mètre, pendant 20 minutes. Ca va, jusque-là ? Maintenant imaginez qu'une fois que vous êtes dans cette pièce, personne ne peut vous entendre de l'extérieur, même si vous criez très très fort. Votre seul lien avec le monde extérieur, ce sont vos ondes cérébrales. Si le sujet s'affole on le voit tout de suite sur l'écran, du coup, mais bon... En cas de problème vous êtes quand même relativement mal barré. Ca va encore jusqu'ici ? Alors attendez la suite...

Souvenez-vous, j'avais aussi des électrodes au-dessus et en-dessous de l'oeil gauche, pour détecter les perturbations dues aux mouvements oculaires. Et donc, le but du jeu, c'était que pendant les séries de stimulations auditives, il fallait essayer de bouger les yeux le moins possible. Donc éviter autant que faire ce peut les clignements intempestifs, mais aussi ne pas bouger le regard dans tous les sens. Pour ça, on peut voir pendant la manip' un écran d'ordinateur sur lequel il y a une petite croix blanche immobile (en avant les histoires !). On fixe la croix, et ça aide à ne pas bouger les yeux.

Fort de ces recommendations, donc, je passe le casque sur les oreilles, je dis que je suis prêt, et le prof ferme la porte. Et là je suis plongé dans le noir. Le noir complet. Pire que dans le cul d'un taureau par une nuit sans lune, comme dirait l'autre. Je me dis que la petite croix blanche va apparaître sur l'écran, mais que nenni, les stimulations auditives commencent et je comprends que la petite croix blanche m'a posé un lapin. Ok, alors je suis dans une pièce d'un mètre carré, depuis laquelle on ne peut pas m'entendre, j'ai un poulpe sur la tête avec un casque audio par-dessus, il fait tellement noir que je ne vois pas mes mains, et je suis censé me concentrer sur les stimulations auditives tout en prenant garde de ne pas bouger les yeux, et en me relaxant au maximum pour ne pas brouiller les ondes... Qu'on ose venir me dire après ça que la science, ça n'est pas une aventure humaine...   :p

Bon, du coup, j'essaie de fixer un non-point dans le noir, et j'ai l'impression que ça marche plutôt pas mal. Au bout d'environ 5 minutes, la série s'arrête, et le prof vient ouvrir la porte pour savoir comment ça s'est passé. Il me félicite pour mes yeux qui n'ont pas trop bougé et je lui dit qu'il n'y avait pas de croix blanche. Après quelques recherches, il s'est avéré qu'ils avaient juste oublier d'allumer l'écran...

 

Bref, pour faire vite (il se fait tard et ça traîne en longueur), les trois autres séries se sont passées normalement, je suis sorti de la cabine, j'ai pu enlever le casque, et là, il fallait que je me débarrasse du slime que j'avais dans les cheveux, sur le front, sur le nez et sur la joue. Un prof me tend une bouteille de shampoing et une serviette et m'amène dans une salle du labo. Il m'indique l'évier d'une paillasse et me dit que je peux me laver les cheveux ici. Il me fournit même le sèche-cheveux (labo Grand Luxe 5 étoiles). Et c'est là que je me dis "Chouette chouette, de l'eau chaude, profitons-en !". Ben oui parce que quand on n'a plus de cumulus à la maison, chaque goutte d'eau chaude est considérée comme une bénédiction...

J'ouvre les robinets, je laisse couler un peu l'eau, et je sens qu'elle est toujours froide. Je ferme le robinet d'eau froide, j'attends... toujours froide. Je pousse l'eau chaude à fond, rien. Alors qu'un petit sourire de thérapie commençait à apparaître sur mon visage, je vais vérifier vers un autre robinet du labo. Verdict sans appel : pas d'eau chaude dans tout le labo... Je vais voir mon prof, je lui explique la situation, ma cop's commence à se foutre de moi, je me résigne petit à petit au shampoing à l'eau froide (brrr, je déteste ça en plus), je commence à me demander sérieusement si je n'ai pas profané sans le vouloir la tombe d'un vieux plombier qui se vengerait depuis l'au-delà en me privant d'eau chaude à vie, et mon prof me dit "Attends, je vais voir à l'étage du dessous, des fois ils coupent que le deuxième étage". Il descend l'escalier et m'appelle 10 secondes plus tard "C'est bon, regarde, tu peux te mettre ici". Et c'est ainsi que je me suis lavé les cheveux dans l'évier du coin cuisine du labo, pendant que deux chercheurs mangeaient tout en discutant... Le pied...

 

Bon sinon au final sachez que j'avais de très jolies ondes cérébrales, que le TP s'est fini (presque) sans encombre (l'analyse des résultats c'est encore mieux quand 1) on a un programme qui plante pas toutes les cinq minutes 2) on sait se servir dudit programme) et que... oui, bon, ok, j'ai eu les marques des trous du casque au niveau du front pendant presque deux heures... Finalement, il était peut-être un poil trop serré...   :p

 

 

Bon, c'est pas qu'il est 3h35 du matin et que j'ai une murder demain, mais il est 3h35 du matin et j'ai une murder demain, alors je vais plutôt aller me coucher, là... S'il reste des fautes de frappe, vous ne m'en voudrez pas, hein. Et si je ne réponds pas aux commentaires avant dimanche, pareil. C'est pas tout ça mais j'ai une vie, moi...   ;)

Publié dans De tout et de rien

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G
merci pour la jolie blonde aux yeux bleus ... et pour avoir bien voulu faire le cobaye ;-)
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S
Mais, mais... qui a dit que je parlais de toi ?   ;)
G
Au lieu de passer sa vie a tester l'inutilité de Facebook, il ferait mieux de poster de nouveaux articles...
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I
Et dire que j'ai râté ça pour cause de panne de Livebox ;o) Je me suis marrée, personne n'avait de portable sous la main pour te prendre en photo ? La blonde, non plus ?Seb, c'est pas bien de penser que personne ne lit ton blog le week-end ! Nous sommes des milliers à lire tes aventures ;o)
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K
Bah, ils t'ont pas fait ca : http://www.wired.com/medtech/health/news/2007/11/neurosci_guinea_pig2Je suis déçu...Et évidement t'as une grosse tête.....
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G
Rhââââ comment résister au regard d’une blonde au fond du labo par une nuit de pleine lune……
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