L'EEG de la mort (part one)
Avant tout, en préambule, vous devez prendre connaissance d'un fait qui, j'en suis sûr, va vous intéresser au plus haut point : la résistance de mon cumulus est cassée. Ah, vous voyez, je vous l'avais dit, j'ai bien fait de revenir... Et donc qui dit résistance du cumulus cassée dit, bien sûr, plus d'eau chaude. Sinon ça serait pas drôle. Le plombier est venu hier pour un diagnostic (réaction très rapide de l'agence, le jour-même, c'est agréable) et nous a expliqué que le remplacement ne pourrait sûrement pas se faire avant la fin de la semaine prochaine (c'est moins agréable). Du coup, l'ère de l'eau froide est arrivée. Et c'est très triste.
Bon voilà, c'est bien joli mes histoires de cumulus, mais ça n'était qu'un préambule.
Ce matin, donc, j'avais TP à 8h15. Le TP portait sur la méthode et l'analyse des résultats d'un électro-encéphalogramme (EEG par la suite, vous croyez quand même pas que je vais m'amuser à écrire ce mot super long tout le long de l'article quand même ?). Pour ceux qui n'ont aucune idée de ce qu'est un EEG, c'est comme un ECG mais avec le cerveau. C'est plus clair ? Bon ok, si vous voulez vraiment tout savoir, ça consiste à mettre des électrodes sur le crâne d'un sujet pour enregistrer son activité cérébrale.
Pour ce TP, nous étions censé être un groupe de 3, mais finalement à cause de divers facteurs indépendants de sa volonté une de mes camarades de promo n'a pas pu venir avant 11h. On a donc commencé sans elle, à deux. Et là, la question qui s'est tout de suite posée, c'est qui de nous deux (quiiiii, de nous deux) allait faire le cobaye. C'est-à-dire, à qui on allait mettre les électrodes ?
A ce moment-là de mon récit, je me dois de faire encore un petit aparté (oui, je sais, je suis pénible, mais c'est comme ça. Et puis c'est moi qui raconte, de toutes façons). Si l'EEG est un examen très facile à réaliser, qui ne demande pas d'endormir le patient ou de lui injecter quoi que ce soit, la préparation à l'examen en lui-même est quand même quelque chose d'assez contraignant. Tout d'abord, on prend les mesures du crâne du sujet, et on choisit en fonction une taille de "casque", une sorte de coiffe souple percée de plein de trous qu'on applique sur le crâne, les trous permettant de clipser les électrodes en les mettant à la surface dudit crâne. Ensuite, on pose les électrodes. Mais avant ça, il faut s'assurer que l'impédance des électrodes va être la plus faible possible. L'impédance (ce n'est pas un gros mot), c'est une mesure physique qui rend compte plus ou moins de la difficulté que vont avoir les ondes cérébrales pour passer du cerveau à l'électrode (et donc pour être enregistrées). Parce qu'entre les deux, forcément, il y a le crâne du sujet, l'os, la peau et les cheveux, et tout ça rend le passage des ondes plus difficile. Donc, avant de poser une électrode, on prend d'abord un coton-tige trempé dans de l'alcool à 90° et on frotte la partie du crâne sur laquelle on va poser l'électrode. Ca a pour but d'enlever la fine couche de graisse qui existe naturellement à la base de la peau et d'écarter au maximum les cheveux. Mais ça ne suffit pas, bien sûr que non ! Pour que les ondes passent mieux, on rajoute entre le crâne et l'électrode une sorte de pâte verdâtre légèrement abrasive qui a pour fonction d'augmenter la conductivité. Et cette pâte est vraiment dégueu. Vous voyez le slime dans Ghostbusters ? Ben c'est exactement ça. Et donc on badigeonne le crâne du sujet de cette pâte à l'endroit où on veut placer les électrodes. Puis, enfin, on clipse les électrodes. Ensuite on branche le tout à un appareil et on fait des tests, pour voir si l'impédance est assez basse (plus c'est le cas et plus on aura de jolies (et surtout précises) mesures des ondes). Et si c'est pas le cas, on frotte au coton-tige en rajoutant un peu de pâte et en appuyant sur l'électrode jusqu'à ce que ça soit au niveau voulu. Donc je récapitule, on pose le casque (en le faisant tenir avec une sangle qui passe sous le menton, sous les aisselles et dans le dos), on repère les endroits où on veut mettre les électrodes, on frotte à l'alcool, on met de la pâte (ou on trempe l'électrode dans la pâte avant positionnement), on place l'électrode, on branche, on regarde si ça marche, et on frotte jusqu'à ce que ça soit le cas.
Sur le casque qu'on a utilisé pour ce TP, on pouvait mettre jusqu'à 64 électrodes. Autant vous dire que là, il faut plus d'une heure pour tout installer. Vu qu'on avait pas besoin de ça, et qu'on avait pas la journée devant nous non plus, on a utilisé 6 électrodes au total. 3 sur le crâne, 1 sur le nez pour faire la référence, et 2 au niveau de l'oeil gauche, l'une juste au-dessus et l'autre juste en-dessous, pour observer aussi les mouvements oculaires (qui créent des interférences avec les résultats, alors on les repère pour les supprimer, en gros).
Bon, en fait, je suis en train de réaliser que mon histoire est super longue. Alors je vais faire durer le suspense un peu et m'arrêter là. La suite demain (han le teaser !).
Qui a fait le cobaye ? Y'avait-il un casque de taille assez grande le cas échéant ? Comment peut-on fixer un point dans une pièce plongée dans le noir complet ? Est-ce que l'informatique, c'est magique ? Qu'est-ce que ça fait d'être enfermé dans une pièce de moins d'un mètre carré depuis laquelle personne ne peut vous entendre crier ? Et surtout, surtout, quel est le rapport avec mon cumulus ?!?
Vous aurez les réponses à ces questions et à bien d'autres en suivant les folles aventures de l'EEG de la mort, dès demain dans vos kiosques ! ;)