Jeune et jolie
Bon, voilà, vous l'attendiez tous (ou pas), c'est le moment de sortir l'arme fatale, la photo de la fille presque toute nute. Je vous l'avais promise il y a quelques jours, et les éléments, associés à Albert Einstein et au jour officiel de la bande dessinée, se sont ligués contre nous pour m'empêcher de publier ce que je voulais. C'est dingue, on n'est même plus chez soi sur son propre blog. Bref, aujourd'hui, c'est jeudi, et rien, non rien, ne m'empêchera de mettre les photos que je veux. Sauf si je préfère vous parler de la culture du petit pois (Pisum sativum) en Patagonie Orientale, auquel cas vous aurez une photo passionnante d'un vieux petit pois chevelu. Ou un truc comme ça. Bref, voici mon article sur les vacances naturistes d'Albert Einstein en Patagonie.
Alors que je marchais d'un pas nonchalant un matin de la semaine dernière, pour aller m'instruire à la fac, je suis passé, comme tous les jours, à côté du kiosque à journaux de la place des Charpennes. Pour les gens qui ne connaissent pas, cette place est un carrefour de circulation crucial entre Lyon et Villeurbanne, où les piétons, voitures, bus et trams se croisent allègrement toute la journée. Je ne saurais pas faire une estimation précise, mais plusieurs milliers de personnes passent dans le coin chaque jour, des jeunes (il y a un collège pas loin), des vieux (il y a un hôpital gériatrique juste à côté) et tout ce qu'il y a au milieu.
Sur la façade la plus visible de ce fameux kiosque à journaux, il y a deux emplacements, d'un mètre de large sur un mètre cinquante de haut environ (je suis nul avec les distances :p ), pour mettre en exergue les couvertures de deux magazines, ou l'affiche d'un film du moment. Ces affiches changent chaque semaine, et les magazines concernés aussi. Je ne sais pas comment le choix est fait, c'est sans doute le buraliste qui fait sa sauce comme il veut avec les affiches qu'il reçoit, enfin bref, on s'en fout un peu.
Bref, la semaine dernière donc, alors que je marchais d'un pas toujours aussi nonchalant, j'aperçus l'une des ces deux affiches qui m'interloqua un petit peu quand même. C'était la couverture du numéro de Elle de Mars 2006.
Alors voilà, je pourrais dire plein de choses sur cette couverture, lancer plusieurs débats et polémiques, faire plein de commentaires, je vais pourtant essayer de me focaliser sur l'une des raisons qui m'ont fait particulièrement remarquer cette affiche.
Ce n'est pas parce qu'il faisait alors -2°C, et que cette naïade se baladait quasiment nue au bord d'une plage alors que tous les gens autour de moi portaient manteaux et écharpes et maudissaient qui leur patron, qui leur prof, qui la société toute entière pour les avoir forcés à sortir de leur petit nid chauffé si tôt le matin et par un tel froid. La fille de la plage pouvait nous narguer tant qu'elle voulait, au moins elle apportait un peu de rêve dans ce matin grisâtre. Un rêve bien loin (à au moins 3-4 mois et quelques centaines de kilomètres d'ici à vue de nez), mais bon, c'est toujours ça.
Je dois avouer que la première chose qui m'a interpellé, c'est le fait que cette jeune femme, charmante au demeurant (elle ressemble un peu à Laetitia Casta je trouve, mais je sais pas du tout si c'est elle. A part dans les pubs de L'Oréal et sur les affiches des Galeries Lafayette, faut dire qu'on la voit plus trop. Qu'en pensent les spécialistes ?), étale sa poitrine nue sur une grande affiche en plein milieu de la ville, au vu et au su de tout le monde. Personnellement, ça serait hypocrite de dire que j'ai trouvé ça choquant ou dégoûtant (Ah, beurk, une jolie fille, vite, regardons plutôt le trottoir, sinon mes yeux vont fondre et je brûlerai en enfer pour les douze prochaines générations !!!), mais comme je l'ai dit, je suis loin d'être le seul à passer par cette place, et entre les gens coincés des fesses et les pitits nenfants, le fait d'imposer cette image à la foule m'a au départ semblé déplacé. Réflexe culturel. Et puis après je me suis dit quoi de plus naturel qu'une paire de seins, et au final je pense que c'est plus sain (oh oh oh) de voir une telle photo que de voir des charniers, des attentats, des exécutions, tous les soirs au journal de 20h.
Alors, quel est l'objet de mon grief ? Et bien c'est le gros titre en rouge et blanc que la demoiselle a sur le ventre. Spécial maigrir. Changer de silhouette, c'est possible. Pourquoi, mais pourquoi donc faut-il que chaque année, à la même époque, toutes les revues féminines agressent leurs lectrices avec des bataillons de régimes, des armées de "conseils minceur", en agitant bien fort le spectre de l'été qui approche à grands pas et de l'épreuve bien connue dite "du maillot de bain" ? Et je mens pas, hein, Elle nous avait déjà fait le coup en Mars 2005.
Spécial maigrir (ça je crois qu'on a bien compris, c'est bon). Fondre d'où je veux comme je veux. 52 pages (rien que ça) pour perdre ses kilos et s'aimer mieux. On croit rêver. Qu'est-ce que je lis dans un titre comme ça ? Je lis "Amies lectrices, vous êtes grosses, vous ne vous aimez pas, mais ne vous inquiétez pas, nous sommes là. Achetez-moi et vous vous transformerez en top model comme de par magie." C'est pitoyable.
En fait le problème est d'une complexité incroyable. Il existe bien sûr depuis des décennies mais s'est étrangement développé en même temps que la société de consommation dans les pays dits "civilisés". Une majorité écrasante de femmes sont obsédées par leur poids, et plus généralement leur apparence physique, et la société de consommation nous martèle avec des images de mannequins idéalisés, des crèmes anti-rides, des régimes dans tous les sens. Est-ce l'un qui a provoqué l'autre, ou l'inverse ? C'est un peu le problème de la poule et de l'oeuf, l'exemple parfait du cercle vicieux, dont il est quasiment impossible de sortir. Et ça commence super jeune. Déjà au collège, j'étais effaré de voir que mes camarades de classe, qui n'avaient pas encore 15 ans, se trouvaient "trop grosses" alors qu'elles avaient un poids et une silhouette tout à fait en rapport avec leur taille. C'est triste, mais c'est comme ça qu'elles rentrent dans le jeu, sans doute en voulant faire comme leurs aînées, comme les "grandes". Et une victime de plus...
Alors voilà, je sais que c'est pire que Don Quichotte et ses moulins à vent, mais je voulais pousser un coup de gueule contre tout ce système, que je trouve complètement aberrant depuis des années et des années. Essentiellement contre les magazines féminins et les pubs débiles qui fleurissent à la télé ("Le lifting ? Pas pour moi !" Mais on est où là ?). Mais un peu aussi contre les femmes qui se laissent victimiser par ça, et qui se trouvent "trop grosses" alors qu'elles ont une silhouette parfaite. Et je précise que je n'entends pas par "silhouette parfaite" un 90-60-90 standardisé. Je préfère une fille avec des formes qu'une Kate Moss qui s'envolerait au moindre coup de vent, et je pense que je suis loin d'être le seul dans ce cas. Et qu'on ne vienne pas me dire "Non mais tu comprends, si on fait ça c'est de votre faute à vous les mecs. Dès qu'on prend quelques kilos vous ne nous regardez plus, alors on est obligées de faire des régimes." Sérieusement ? Mesdames, mesdemoiselles, si votre homme est avec vous, c'est qu'il apprécie votre silhouette, quelle qu'elle soit. Et s'il vous fait des remarques sur quelques kilos pris pendant l'hiver, parlez-lui de sa bouée ou renvoyez-le carrément dans sa caverne.
Alors arrêtez de vous mentir et de vous laisser abrutir par tous ces gens qui ne cherchent qu'à se faire un maximum de fric sur votre dos ! Sortez un peu de ça, rebellez-vous ! Vous êtes belles, merde ! Alors arrêtez de vous apitoyer sur votre sort de pauvre victime de la société, assumez-vous, et profitez de la vie, elle est trop courte, ça serait dommage de se la gâcher en se prenant la tête avec des problèmes qui n'existent pas ailleurs que, justement, dans votre tête.
Je vous rassure, je ne suis pas complètement naïf et je sais pertinemment que les filles vont dire "Pfff il sait pas de quoi il parle lui, c'est facile de dire ça..." et que les mecs vont soit dire "Gné ?" soit "Zzzz...", mais bon, j'm'en fous, encore une fois c'est mon blog alors je dis ce que je veux. Na. :p
Enfin bref, tout ça pour dire que si vous voulez me faire plaisir, si vous n'avez pas vraiment envie de faire un régime pour la plage cet été mais que vous vous sentez obligées... et bien ne faites rien. Et si vous avez un amoureux et que vous avez déjà acheté le Elle de Mars, plutôt que de lire le dossier Minceur, passez le magazine à votre homme, il regardera les photos des filles en maillot de bain et il sera content cinq minutes. Et c'est pas pour ça qu'il vous aimera moins. ;)